Texte de MADRE TRINIDAD DE LA SANTA MADRE IGLESIA,
du 29 décembre 1962, intitulé :
« VIVRE »
Vivre !… Derrière ce mot se cache un grand mystère de bonheur, de joie et d’éternité. C’est pourquoi aujourd’hui où je pénètre profondément dans le secret que recèle ce mot, je vois que nous avons été créés pour la Vie éternelle, et que, tant que nous serons dans l’exil, nous devrons essayer de vivre de la « Vie » à travers la foi, l’espérance et la charité.
Vivre !… C’est le besoin que tout être doué de raison, créé par l’Infini, éprouve.
Vivre est une loi qui est gravée en l’âme de chacun de nous. C’est pourquoi lorsque survient la mort, pour ceux qui n’ont pas la foi, la vie se termine, et cet impérieux besoin de vivre qui est gravé en tout homme lance un cri de rébellion. Et devant le mystère présenté par le contraste entre la mort et l’exigence de vivre, ceux qui, les pauvres, n’ont pas pénétré les profondeurs du mystère de la vie sont dans le désarroi, car ils voient dans la mort naturelle la destruction totale de tout ce qu’ils éprouvent et vivent en eux : amour, vie, bonheur, beauté, éternité.
Ils sentent que leur être leur implore : vie ! et qu’il leur demande ardemment de combler tous ces besoins qu’ils ressentent en eux, alors ils défaillent devant le silence ténébreux de la sépulture, qui, croient-ils, mettra fin à tous ces besoins qui sont gravés en leur âme, tandis que tout demeure pour eux un grand mystère.
Pauvre homme, qui a été créé pour vivre et non pas pour mourir, et, s’il comprend la mort naturelle non pas comme le passage de cette vie à l’autre ou comme le châtiment du péché et la destruction du « je, » mais comme le terme très triste et incompréhensible de tous les désirs de son âme, alors son amertume est indicible lorsqu’il voit que la mort a vaincu la vie !
Vivre !… Nous avons été créés pour l’Éternité. Nous qui vivons de foi, d’espérance et de charité, nous savons que cette parole, vie, que nous portons gravée en notre âme est le terme savoureux, la récompense glorieuse pour laquelle nous avons été créés, avec laquelle, participant de Dieu, nous serons heureux pour toute l’Éternité.
Toi qui éprouves le besoin de vivre, toi qui cherches les joies, le bonheur que l’on ne trouve qu’en Dieu, vis d’espérance dans les vérités que te présente la foi, et tu verras que s’allumera en ton être un amour qui te fera vivre une vie que, ni la mort naturelle, ni le temps ne pourront t’enlever.
Le temps est un cadeau que l’Amour Infini fait à l’homme pour qu’il puisse gagner la Vie éternelle ; c’est l’épreuve qui doit montrer à Dieu l’amour que la créature doit à son Créateur. C’est pourquoi essaye de vivre sans gaspiller une seule minute, car tu ne sais pas quand le Père de famille viendra recueillir ton âme.
Chrétien, qui que tu sois, toi qui es consacré par le Baptême, toi qui as voué ta vie à Dieu, toi qui désires Le glorifier, pense que tu dois donner de la vie aux âmes, car ta consécration t’a rendu universel. Que l’on ne puisse pas te dire : toi qui sais ce qu’est la Vie, toi qui as la Parole divine en ton sein parce que tu es Église… Que fais-tu ? car tu ne me donnes pas la vie que, par ton intermédiaire, le Seigneur veut me communiquer. Apprends-moi à vivre pour que, moi aussi, j’aie de la vie, que je sois heureux et que je rende gloire à Dieu !
Si, en outre, tu t’es voué à Dieu par le sacerdoce ou la consécration, tous les hommes exigent de toi l’aliment divin que Dieu a mis en toi pour que tu le communiques.
Essaye de vivre, profite de tous les instants et, conscient de cette terrible vérité qu’est ta consécration, n’oublie pas qu’« entre le portail et l’autel, les prêtres, serviteurs du Seigneur, iront pleurer » et les vierges aussi, exerçant leur sacerdoce et sachant que l’efficacité de la prière dépasse presque infiniment celle de l’action. Et, si on ajoute à la prière l’esprit de sacrifice, vécu par amour dans un oubli total de soi-même, nos prières seront comme l’encens qui s’élève jusqu’à la présence divine, et elles donneront beaucoup de gloire à Dieu et abondance de vie aux âmes.
Mon enfant, toi qui veux me suivre, toi, au moins, vis ta vocation. Tiens-toi « entre le portail et l’autel, » exerce ton sacerdoce, et sache que le plus fécond des apostolats et la meilleure façon de donner de la vie aux âmes, c’est de te remplir de cette vie divine que l’Infini veut te communiquer pour que tu la donnes aux autres.
N’oublie pas qu’avant tout, ta vocation te demande de connaître Dieu ton Père, de te perdre en son mystère et d’entrer profondément en Lui, en participant de sa joie éternelle, en vivant, et en faisant jaillir en toi, par ta vie de prière, une source d’eau vive qui ouvrira en ton âme des ruisseaux de vie éternelle où tous les hommes pourront aller boire en abondance en comblant le besoin de vivre que tout enfant de Dieu possède gravé en lui.
Profite de toutes les occasions que l’apostolat externe te présente pour donner de la vie. Communique la Parole divine que tu possèdes parce que tu es Église ; mais n’oublie pas que la plus grande efficacité s’obtient « entre le portail et l’autel, » en exerçant ton sacerdoce et en essayant d’avoir cette même attitude sacerdotale dans toutes tes activités.
Il faut que s’ouvre en toi un besoin insatiable de donner des âmes à Dieu ; il faut que tu sentes en ton être que tous les hommes de la terre, de toute race, classe ou condition, ont un impérieux besoin de vivre pour la vie éternelle, et que tu leur donnes à tous ce bonheur pour lequel ils ont été créés. Mais, pour toucher tous les hommes par ton rayonnement spirituel, c’est seulement « entre le portail et l’autel » que tu réussiras à trouver la force dont ton âme a besoin.
Le chrétien qui vit sa foi chrétienne a besoin de faire participer les autres au bonheur qu’il possède, et il a l’impérieux désir de parcourir la terre entière, parce que sa charité lui demande d’aider tous les hommes en les remplissant de vie. Et face à l’impuissance de son action, en voyant que le cercle de ceux qui l’entourent est si limité, et que son besoin comme infini d’aller vers tous les hommes est sa mission, il ne peut se reposer pleinement qu’« entre le portail et l’autel » et il sait que là, en attitude sacerdotale, il les touche par son rayonnement spirituel sans qu’il n’y ait ni temps, ni distance, ni condition de race, ni frontières. Dans cette attitude sacerdotale, tu toucheras toutes les âmes.
Oh ! Amour ! « entre le portail et l’autel » mon âme t’implore : « donne-moi des fils pour ta gloire, sinon je vais je mourir… »
Devant la force de la prière, nul ne peut résister au rayonnement de l’âme-Église qui vit profondément sa foi chrétienne, et chacun le reçoit selon la participation que, par sa propre vie de grâce, il aura de Dieu ; participation qui lui donne, à sa mesure, plus ou moins de force pour exercer son sacerdoce en faveur des autres.
Enfants de l’Église, venez au banquet divin de l’Amour éternel. Venez, car mon âme, avec l’Église, dans une attitude sacerdotale, se tient « entre le portail et l’autel ; » elle va puiser le trésor qui est dans le cœur de Dieu pour vous le communiquer.
Âme bien-aimée, qui que tu sois, peut-être la plus désemparée de la terre, la plus oubliée, la plus incomprise, la plus seule, toi qui crois que tu n’as personne sur qui tu peux te reposer, tu es celle que je chéris le plus.
Je veux que tu saches que pour toi, ô enfant bien-aimée de mon sein d’Église, je me tiens « entre le portail et l’autel, » que j’exerce mon sacerdoce, et que je pleure, comme Sainte Monique, pour obtenir de Dieu la vie dont tu as besoin. Je veux que tu saches aussi qu’il n’existe pour moi ni temps ni distance ; peu m’importe que tu vives dans ce siècle, que tu aies existé au commencement des temps ou que tu ne viennes qu’à la fin des temps.
Que tu sois heureuse ou malheureuse, toi qui lis ce texte, tu dois savoir que mon âme est avec toi dans ces instants où le silence et la solitude t’enveloppent, qu’elle t’accompagne et te donne la chaleur d’un foyer. Puisque Dieu a fait de moi ta mère, et qu’il n’y a ni temps, ni distance pour l’épouse de l’Esprit Saint, alors mon âme se sent fécondée par Lui, elle se sait mère universelle de toutes les âmes, et elle sait qu’elle les aime toutes avec la même capacité de les aimer toutes que d’aimer chacune d’elles.
Mais comment pourrais-je te donner de la vie, si par mon attitude je ne me tenais pas « entre le portail et l’autel, » seule manière de pouvoir embrasser tous les temps ? Et comment oserais-je me dire mère de toutes les âmes, si ma prière face au Seigneur n’avait pas l’efficacité dont une mère spirituelle a besoin pour obtenir de l’Époux éternel de la vie en abondance pour tous ses enfants ? Comment pourrais-je prétendre me dire ta mère, si je ne te donnais pas de la vie ? Et où irais-je puiser la vie, si ce n’est à la Source infinie ? Oui, c’est là, dans le secret caché de Dieu notre Père, qu’est la Source de la vie, là où je dois me remplir pour être féconde et te donner la vie dont, en tant qu’enfant de Dieu, tu as besoin.
« Entre le portail et l’autel, les prêtres, serviteurs du Seigneur » et les vierges crieront vers le Seigneur ; ils exerceront leur sacerdoce et vivront leur consécration, ils rassasieront à cette Source de vie leur besoin de toucher toutes les âmes. Le cercle de l’action, si grand soit-il, est si limité !… et le besoin qu’éprouve l’âme-Église de donner de la vie est presque infini !…
Si tu sens que tu es appelé à l’apostolat actif et que, peut-être, est gravé en toi le besoin de partir vers des missions étrangères, je bénis ta pensée ; car si tu le fais en cherchant seulement la gloire de Dieu, c’est l’Esprit Saint qui te fait agir, et Il te pousse à donner de la vie, au moyen de la parole, à ces âmes qui, peut-être, sans toi jamais ne connaîtraient Dieu. Mais n’oublie pas que tu ne pourras pas rassasier ton besoin de faire connaître et aimer Dieu, même si tu voues toute ta vie à l’apostolat, si tu ne consacres pas de grands moments à l’exercice de ton sacerdoce de paternité ou maternité spirituelle « entre le portail et l’autel, » et cette attitude doit devenir vie en toi, de sorte qu’à n’importe quel moment de ton existence tu puisses toucher tous les hommes de la terre, même si ton action externe est limitée.
Car je ne crois pas que toi qui as été choisi pour vivre ton sacerdoce, tu puisses te contenter des applaudissements d’un brillant apostolat, gagnés par ton action ; tu dois plutôt demeurer de grands moments « entre le portail et l’autel » pour communiquer de la vie divine à toutes ces âmes qui, contrairement à celles que tu peux toucher par tes paroles, sont comme infinies, et t’implorent : « toi qui détiens la Vie, pourquoi ne me la donnes-tu pas ? » Et si tu as si peu de vie à cause de tes rares et pauvres prières, et que tu ne viens pas vers moi qui suis en train de mourir, comment oses-tu te vouer seulement à un petit groupe d’âmes, quand l’univers tout entier te supplie, avec des gémissements inexprimables, de te remplir de vie divine, grâce à ton intimité avec la Vie éternelle, comme un bon père ou une bonne mère et de la communiquer à tous tes enfants ? Comment peux-tu te contenter, et te sentir peut-être satisfait, de donner de la vie aux hommes qui sont près de toi, pendant que ceux qui sont absents meurent de ne pas la recevoir, parce que toi tu n’as d’yeux que pour ceux qui t’entourent ?
« Entre le portail et l’autel, les prêtres, serviteurs du Seigneur, iront pleurer » et les vierges du Seigneur aussi, comme tout chrétien qui sent en lui le désir d’être fécond et de donner de la vie ! Puissions-nous tous dire par notre plénitude de vie divine, grâce à une profonde et intense intimité avec le Seigneur : « si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive » et si quelqu’un a faim, qu’il vienne à moi et qu’il mange, car l’Amour infini a fait naître en moi « une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle »
Comme le Bienheureux Jean d’Avila, je vous dis : « celui qui fera l’office de père ou de mère devra apprendre à pleurer. » Oui, celui qui fera l’office de père ou de mère, devra apprendre à prier. Car, comment pourrait-il se présenter devant le regard divin, celui qui a été appelé pour donner de la vie aux âmes, s’il n’en a même pas pour lui, faute de la recevoir aux sources infinies, comme l’Amour le lui demande ?
Celui qui voudra exercer l’office de Prêtre devra apprendre à prier « entre le portail et l’autel. » Car si certains de ses enfants mouraient, faute d’avoir reçu la vie divine qu’ils attendaient par son intermédiaire, ce serait un lourd fardeau pour son âme au jour du jugement !
Membres de l’Œuvre de l’Église, vous au moins, « entre le portail et l’autel ! » exercez votre sacerdoce pour être féconds et pour que toute l’Œuvre de l’Église donne la vie que le Seigneur, à travers elle, veut communiquer au monde ; priez et agissez selon la volonté de Dieu envers chacun de nous, mais tous dans une vie de prière profonde en étendue et en intensité.
Vis !… Toi, mon enfant bien-aimé, apprends à exercer ton sacerdoce, à vivre en sachant que, grâce à la foi, il n’y a pour ton âme ni temps ni distance. Apprends à vivre, et tu pourras alors, avec joie, à n’importe quel moment de ta vie, être auprès de Jésus à Bethléem et dire : « Aujourd’hui nous est né un Sauveur. »
Puisqu’en Dieu il n’y a pas de temps, et que pour l’âme-Église il n’y a pas de frontières, tout ce qui fut il y a vingt siècles, tu peux le vivre réellement maintenant grâce à la foi. Une foi telle, qu’en étant dans la crèche de Bethléem à l’instant où le Verbe de la Vie surgit du sein de Marie pour se communiquer aux hommes, tu puisses Le recevoir, et que cette phrase si douloureuse : « Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu, » cesse en toi d’être réalité.
Actualise cette vie de foi, illumine-la avec la charité, ravive-la avec l’espérance et essaye de vivre durant toute ta vie tous les moments de la vie terrestre de Jésus. Sois avec Lui dans la crèche, à Nazareth, à chaque instant de sa vie publique ; sois présent à sa crucifixion ; contemple sa résurrection et réjouis-toi de son ascension… Pourquoi devrais-tu envier ceux qui ont vécu avec Lui ? Si c’est le cas, c’est que tu ne vis pas de foi !
Je crois que je suis la créature la plus heureuse de la terre. Parce que je suis Église, que je vis la richesse de ma foi chrétienne, j’ai ressenti la joie d’être présente à Bethléem… j’ai vu Jésus à Nazareth… je L’ai accompagné dans sa vie publique… je l’ai consolé à Gethsémani… je l’ai adoré au Calvaire… je Lui ai donné un baiser lors de sa résurrection… et mon espérance s’est accomplie lorsqu’a eu lieu son ascension…
Je n’ai besoin d’envier personne ! car j’étais présente lorsque le Seigneur a dit à Thomas : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. » J’ai gravé en mon âme la lumière de la foi qui est, pour moi, plus certaine que mes propres sens, car ce qu’elle me montre est plus certain que tout ce que moi, par moi, je pourrais savoir.
Mon âme a accompagné Jésus dans tous les moments de sa vie, et je connais la joie de pouvoir vivre à chaque instant le mystère de Jésus qui m’est le plus agréable. Car, guidée par la foi, je pénètre dans les secrets cachés de l’Église, et ardente de charité, je reçois en moi tous ces mystères vécus dans l’amour ou la douleur, lorsque j’accompagne Jésus dans les moments de sa vie.
Je connais une joie que n’ont pas connue les disciples du Seigneur : maintenant, vingt siècles après, tandis que, grâce à la foi, je peux vivre ces moments, le développement de l’Église a donné à mon âme une connaissance que les disciples ne possédaient pas car ils n’avaient pas reçu toute la plénitude de l’Esprit Saint.
Je peux donc aller avec les bergers à la crèche de Bethléem, et sachant ce que j’y trouverai, je pénètre dans le profond mystère qui se réalise en ce lieu, illuminée par les dons de l’Esprit Saint qui embrase ma foi. Et au moment même où le Verbe surgit du sein de Marie, je Le reçois en mon sein avant qu’Elle Le couche dans la mangeoire ; parce qu’il n’y avait personne pour L’accueillir, « Marie coucha Jésus dans une mangeoire. » Cette phrase de l’Évangile contient un profond mystère : c’est par volonté du Père que Jésus fut couché sur de la paille pour nous manifester qu’« Il est venu chez Lui et les siens ne l’ont pas reçu. »
Mon âme précède les bergers et elle vit, dans une resplendissante lumière de foi, ce moment, que seuls les Anges ont pu percevoir, de la naissance du Verbe de la Vie. Au même instant, j’ouvre mon âme pour que la Mère Le dépose en mon sein, et en silence d’épouse, je goûte ces instants où mon Dieu fait Homme était désireux de nous communiquer son message, et je Le reçois en mon sein.
Qui est donc le plus heureux, les bergers ou moi ?… Eux ne savaient pas ce qu’ils devaient faire, tandis que moi, ardente d’amour, la foi m’a appris à profiter de ce moment de la naissance de Jésus pour recevoir le message d’amour éternel qu’en s’incarnant, le Verbe est venu nous communiquer.
J’étais dans la crèche et sur la croix ; j’ai vu la gloire du Verbe divin lors de son ascension ; j’ai reçu ses premières paroles et ses dernières. Et cela, parce que la foi, qui dépasse mes sens, me fait vivre.
C’est pourquoi aujourd’hui, enfants de mon âme, je vous dis ceci : vivez. Il faut vivre ! Et la Source de vie est dans le sein de la Trinité, qui nous révèle la foi que le Verbe Incarné a déposée dans l’Église Catholique Apostolique et Romaine.
Oh ! Amour !… J’espère les biens promis ; mais je vis ce que j’attends, parce que la foi, ardente de charité, me fait vivre dans l’espérance.
Vis ce que tu attends, âme bien-aimée. Toi au moins, enfant de mon Œuvre Église, vis ta vocation, actualise ta vie de façon à pouvoir vivre ce que ta foi te présente, et aime toute cette réalité si merveilleuse de ta foi chrétienne, que nous appauvrissons parce que nous la connaissons mal.
Vivre !… Quelle grande joie éprouve mon âme d’être chrétienne !… Quel dogme merveilleux que celui de ma Sainte Église !… Quel bonheur de vivre de foi, d’espérance et de charité, et quelle joie de savoir que, pour le chrétien qui vit sa foi chrétienne, il n’y a ni temps, ni lieu, ni distance, ni siècles !…
Dans la vie de prière, l’âme s’envole vers le sein même de la Trinité, et là, elle contemple le mystère secret de l’acte d’engendrer divin ; elle surprend, dans le silence de la prière, le Verbe qui se répand en expression infinie d’Amour éternel. Recueillie, elle pénètre dans le mystère caché de la spiration amoureuse, par le Père et par le Verbe, du fruit infini d’amour éternel qui, personnifié, est l’Esprit Saint ; Amour qui réalise la communion entre les personnes de la Trinité dans le secret mystérieux de son éternelle virginité.
Comme nous l’avons vu, il n’y a pas de moment de la vie de Jésus ou de Marie qui ne puisse être présent et vécu dans notre vie.
Pour Jésus, tout est présent, depuis le moment de sa conception jusqu’à son ascension aux cieux. C’est pourquoi ce que tu vis maintenant, en ce moment, Lui Il l’a reçu pour le vivre de son vivant, avec la joie et la consolation de se voir accompagné par ton âme dans toutes les étapes de sa vie ; et toi, tu as le bonheur, non pas de L’avoir accompagné une seule fois dans une étape de sa vie, mais de pouvoir L’accompagner à chaque instant de son existence, à Nazareth, dans sa vie publique, etc. etc. ce que ne pouvaient pas faire alors ceux qui étaient avec Lui, s’ils ne vivaient pas de foi.
Amour !… Toute ma vie, vécue ainsi, c’est vivre !… toute ma vie, vécue ainsi, donne de la vie ; toute ma vie vécue ainsi est joie, vérité fécondité… C’est pourquoi avec toute la joie de mon âme, je peux dire que, par ma simple vie de foi, d’espérance et de charité, il n’y a rien que je ne possède, ni personne que j’aie besoin d’envier. Mon âme a élargi sa capacité, et, vivant dans la vérité, je ne désire rien que je n’aie déjà.
Âme-Église, qui que tu sois, si tu veux vivre en te comblant de vie divine, exerce ton sacerdoce « entre le portail et l’autel. » Profite de la naissance de Jésus pour recevoir le Message éternel de l’Amour Infini qui brûle du désir de se communiquer ; et va au Calvaire pour recevoir le testament de celui, qui au moyen de sa douleur, est Parole d’amour éternel. Sois Père universel ou mère universelle qui touche tous les hommes, et n’oublie pas de consoler, d’aider et de fortifier ceux qui lors des temps derniers, quand le monde sera près de sa fin, passeront par cette « grande détresse » si grande que, comme le dit l’Évangile, « à cause des élus, elle sera abrégée. »
Le Verbe divin demeure toujours « dans le sein du Père. » Du sein du Père, Il a bondi au sein de Marie, et du sein de Marie, Il veut bondir à ton âme pour te manifester son secret. Écoute en silence ce qu’Il veut te dire ; n’oublie pas qu’Il est la Parole infinie dans le sein de la Trinité et qu’Il est venu nous manifester, en l’Église et à travers elle, tout ce qu’est Dieu. Pour recevoir son message d’amour, tu ne peux pas te contenter de savoir un peu de ce qu’Il est venu te dire, mais, puisque tu brûles du désir de Le recevoir, tu dois écouter tout ce qu’Il est venu te communiquer ; ne te contente pas de moins. Ouvre ton âme à l’Amour infini, pour qu’Il trouve le repos qu’Il désirait trouver lorsqu’Il est venu parmi les siens, pour qu’Il n’ait pas à dire de nouveau : « J’espérais des consolateurs, Je n’en ai pas trouvé. »
Toi, au moins, enfant bien-aimé de mon Œuvre Église, vis ton être d’Église, sachant que la plus grande joie de ton âme, c’est d’être enfant de Dieu et héritier de sa gloire ; filiation divine qui te fait aussi être Dieu par participation, puisque par ton être d’Église, tu vis de la vie même de l’Infini.
Entre au plus profond du mystère trinitaire que recèle le sein de notre sainte Mère. Reçois la Parole que le Père dit à son Église, car, voulant lui manifester tout le secret de sa vie divine, Il l’a manifesté si merveilleusement, que la Parole même qui est la sienne pour se dire en Lui-même, Il l’a donnée à sa Sainte Église, pour que l’Église nous dise tout ce qu’Il est, et comment Il se l’est.
Écoute le Verbe Incarné qui t’exprime le secret éternel de Dieu ton Père. Fais silence en ton âme pour entendre le Cantique d’Amour que le Christ te dit à Bethléem, à Nazareth, à Jérusalem, et au Calvaire ; tiens-Lui compagnie dans l’Eucharistie et reçois son secret de joie infinie et de douleur de n’être pas reconnu. Apprends que « le Christ a tellement aimé son Église, qu’Il s’est livré pour elle » et toi aussi, avec Lui, livre-toi pour l’Église afin de remplir ta mission.
Regarde l’Esprit Saint qui, ardent de Charité éternelle, brûle de se donner à l’Église ; Il est l’Amour qui pousse le Père pour que, par son Verbe, Il dise à l’Église ce qu’Il est ; et c’est l’Esprit Saint Lui-même qui, embrasant le Verbe d’amour pour son Église, fait qu’Il se livre pour elle en donnant sa vie sur la croix.
Chante les richesses de ta Mère Immaculée ; entre en sa vie, qui est la vie même du Christ.
Vis ton être d’Église connaissant et pénétrant toutes ces richesses que cette sainte Mère recèle en son sein, sachant que ta vocation c’est de ranimer, de revivifier et de vivre, pour faire vivre son dogme merveilleux ; dogme qui est la vie de la Trinité, qui, par le Christ et à travers Marie, t’est donné en cadeau au sein de ta Sainte Église.
Ravive ta foi en vivant en communion avec cette grande famille spirituelle qui forme le Corps Mystique du Christ, pour que, uni avec toute l’Église, formant avec elle comme une seule âme et conscient de cette grande fraternité, tu puisses boire à la poitrine du Christ la vie infinie qui, jaillissant du sein de la Trinité, veut aujourd’hui se communiquer à toi.
Vivant membre de l’Église, si tu veux te combler de vie et la communiquer, si, dans tes entrailles, tu as soif d’âmes, soif qui te pousse à la mission, si tu veux toucher tous les hommes de la terre, si tu ne veux pas rencontrer de limites, si tu veux vivre la vie de Dieu, du Verbe Incarné, de Marie et de l’Église, exerce ton sacerdoce « entre le portail et l’autel, » comble en toi, et à travers toi, dans les âmes qui te sont confiées, ces exigences de vie que l’Amour, lorsqu’Il nous a créés, a gravées en nous.
Comme Dieu est heureux !… Et comme il est heureux celui qui, vivant de la foi qui est plus certaine que la lumière du jour, vivant d’espérance et de charité, éprouve en lui une telle plénitude de vie qu’il peut dire : « si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive, » et si quelqu’un a faim, qu’il vienne à moi et qu’il mange ; car, « entre le portail et l’autel, » me comblant de vie divine, par mon sacerdoce, est née en moi une source qui jaillit pour la vie éternelle !
Madre Trinidad de la Santa Madre Iglesia
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