Texte de

MADRE TRINIDAD DE LA SANTA MADRE IGLESIA,

du 14 septembre 1997, intitulé :

MON DIEU, MON DIEU,

POURQUOI M’AS-TU ABANDONNÉ ?…

Anéantie, subjuguée et séparée de tout ce qui est d’ici-bas devant l’insondable et inépuisable mystère de la Rédemption au Calvaire, près de la Vierge Mère, affligée de la plus grande des douleurs, mon âme, plongée dans la pensée infinie de la Sainteté éternelle, haletante d’amour et pleine de tendresse, en une attitude sacerdotale de révérencieuse adoration, écoutant les lamentations et les gémissements de l’âme du Christ, a besoin de boire aux Sources éternelles qui jaillissent a torrents de sa blessure.

Et depuis la bassesse de mon néant, écoutant les paroles du Divin Rédempteur, elle a besoin de recevoir les paroles sapientielles et sacro-saintes prononcées en déclamation amoureuse, par laquelle, dans le dernier poème d’amour de son dur cheminement, le Christ du Père « pendu au bois du supplice comme un maudit » entre le Ciel et la terre, entre Dieu et les hommes, entre la Sainteté infinie et le péché « raillé par les gens, rejeté par le peuple » nous manifeste l’amour qu’Il nous porte.

Non seulement en donnant sa vie comme Agneau immaculé et sans tache, mais encore en parvenant, dans le plus inimaginable des déchirements en manifestation de la splendeur de sa gloire, lacéré et transpercé jusqu’ à la moelle de son esprit, à nous exprimer dans les différentes parties de son testament d’amour, les replis les plus cachés, les plus intimes et sacro-saints de son âme meurtrie et palpitante.

Car, par une affirmation glorieuse et déchirante, Il se donne en une expression chantante de réparation en retour, à la Sainteté du Dieu trois fois Saint outragé et offensé.

Et se manifestant d’une façon majestueusement souveraine comme victime sanglante, Il se présente devant la Sainteté même de Celui qui Est, chargé du fardeau de nos innombrables péchés, et au moment suprême de la Rédemption de l’humanité déchue, en tant que Réparateur l’humanité tout entière, dans la plénitude et par la plénitude de son Sacerdoce, Il crie, comme épouvanté :

« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?… »

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Et mon âme, profondément pénétrée de la pensée infinie, et plongée dans le mystère transcendant de la Rédemption, se répand en expression de communication, pleine de lamentations, devant ce moment sublime de la consommation de la Passion sacro-sainte du Divin Rédempteur, qui est et recèle en elle l’étreinte éternelle entre Dieu et l’homme au moyen de l’union hypostatique de la nature divine et de la nature humaine en la personne du Verbe, en un mariage indissoluble de noces éternelles entre la créature et le Créateur, par le mystère sublime, aussi profond que transcendant et méconnu, de l’Incarnation ; réalisé dans les entrailles très pures de la Vierge par la volonté du Père, sous l’impulsion ardente du roucoulement amoureux de l’Esprit Saint.

Mystère dévoilé à l’âme aimante qui, vivant sous la protection de Notre Blanche Dame de l’Incarnation, est introduite par la main du Tout-Puissant dans le sein de la Vierge, qui tant elle est Vierge, se répand en Maternité divine dans l’élan infini et éternel, divin et divinisant du battement d’ailes sacré de l’Esprit Saint, dans son passage en tant qu’Époux.

« Son bras gauche est sous sa tête et sa droite l’étreint » pour que Notre Dame ne défaille pas d’amour sous sa brise, qui dans un silence cadencé au passage de feu, par de tendres, sacrées et amoureuses manifestations d’amour, l’ennoblit et la pare si merveilleusement qu’elle la fait Mère du Dieu infini Incarné ;

Mère de l’Amour si beau, qui douloureusement au pied de la croix, dans l’exercice du sacerdoce particulier de sa Maternité divine, offre au Père le Fils Unique-engendré de Dieu, qui fait Homme est aussi son Fils Unique, en une oblation Corédemptrice de Maternité divine et universelle :

« Or, près de la croix de Jésus se tenait sa mère… Jésus, voyant sa mère, et près d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : « Femme, voici ton fils. » Puis il dit au disciple : « Voici ta mère. » Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui. »

Tandis que l’âme amoureuse, pleine de vénération et d’adoration, abîmée dans la profondeur sacro-sainte de l’Incarnation, comme un envol, pénétrant dans le Sancta Sanctorum de Notre Dame, goûte en sagesse amoureuse un peu du grand mystère qui se réalise en Elle ;

la créature demeure transcendée et profondément anéantie devant le pouvoir, sur Notre Dame, de l’excellence de l’être Infini, qui l’emplit du très riche et délectable nectar de sa Divinité même, illuminant, depuis sa très haute perfection, les hommes au cœur pur.

Ceux-ci « verront Dieu » sur terre comme seul Dieu Lui-même le sait, dans l’éclat lumineux de la foi qui, les remplissant d’espérance, les fait soupirer, haletants, au cours de ce cheminement vers le matin de l’Éternité.

Là, ils contempleront le Mystère infini de l’Être transcendant dans la lumière de sa propre Lumière, sans pouvoir le saisir entièrement, à cause de la perfection, en possession, en subsistance infinie et éternelle de Celui qui s’Est ; embrasés par l’amour coéternel de l’Esprit Saint, qui les introduira dans le festin infini des divines Personnes pour toujours, et leur espérance sera pleinement comblée, car ils possèderont Dieu Lui-même qui les rendra heureux pour toute l’Éternité.

Secrets dont la créature n’est pas capable de pénétrer la nature et encore moins de manifester, malgré tous ses efforts, en se servant de ses pauvres expressions, et que l’esprit embrumé de l’homme de chair, si habitué à vivre de ses pauvres pensées humaines, est encore moins apte à comprendre.

Oh ! mystère de l’Incarnation réalisé par le pouvoir infini de Celui qui s’Est !…

Le mystère de l’Incarnation, où s’est opérée la réconciliation de Dieu avec l’humanité qui avait été déchue à cause du péché de nos Premiers Parents, accompli dans les entrailles de la Femme Nouvelle. Qui étant Vierge, et par œuvre de l’Esprit Saint, donnera le jour à un Fils qu’elle appellera Emmanuel, « reflet resplendissant de la gloire du Père, expression parfaite de son être » en une manifestation resplendissante du pouvoir de Yahvé qui, se répandant sur l’homme en compassion de tendresse et de miséricorde, en idylles d’amours éternels, à cet instant sublime et transcendant de l’Incarnation, a accompli sa promesse, annoncée par les saints Prophètes : « je t’ai aimée d’un amour éternel » « Vous serez mon peuple, et moi, je serai votre Dieu. »

Car, par le mystère de l’Incarnation « le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous » unissant en Lui, Dieu à l’homme en un mariage indissoluble de noces éternelles entre la créature et son Créateur, entre le Tout et le néant, entre la terre et le Ciel : « Tu seras ma fiancée, et ce sera pour toujours. Tu seras ma fiancée, et je t’apporterai la justice et le droit, l’amour et la tendresse ; tu seras ma fiancée, et je t’apporterai la fidélité, et tu connaîtras le Seigneur. »

Cela, c’est le commencement parfait qui contient entièrement la réconciliation de Dieu avec l’humanité déchue ; réconciliation que le Divin Maître nous a manifesté tout au long des trente-trois années de sa vie par le douloureux Gethsémani de sa passion non sanglante, au cours de laquelle Jésus proclamait avec véhémence :

« Je dois recevoir un baptême, et comme il m’en coûte d’attendre qu’il soit accompli ! »

« Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive » « mais celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui source jaillissante pour la vie éternelle. »

Réconciliation dont le point culminant a été la passion douloureuse de l’Oint de Yahvé, le Christ du Père, lorsqu’Il a exprimé les sentiments les plus profonds et les plus intimes de son cœur palpitant d’amour et de tendresse dans une effusion d’amour plein de compassion miséricordieuse envers l’homme : « Mon peuple, que t’ai-je fait ? En quoi t’ai-je fatigué ? Réponds-moi. »

Amour qui se manifeste à nous par la splendeur de la gloire de Yahvé, seul vrai Dieu, en son Fils Unique-engendré, Jésus Christ son Envoyé, par l’effusion de son Sang rédempteur sur le gibet de la croix.

Sur lequel le Divin Rédempteur, suspendu à un morceau de bois, les bras étendus et le cœur transpercé, nous a montré que « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. »

Et cloué entre le Ciel et la terre, dans la plénitude de l’exercice de son Sacerdoce, avec des gémissements indicibles dans l’Esprit Saint, comprenant que le moment suprême et sublime de la Rédemption était arrivé : « Et moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes » lorsque brûlant d’une soif torturante de racheter l’humanité tout entière du péché commis contre la Sainteté infinie de Dieu offensée et outragée, Il criait :

« J’ai soif !… »

Desséché dans la terrible agonie de sa douloureuse passion qui L’a conduit à donner sa vie pour nous sauver, l’âme palpitante et déchirée devant le manque d’amour de ceux qu’Il aimait

« J’ai soif » de rendre gloire au Père et de conduire les âmes à son sein, pour étancher, en répandant mon Sang, la soif aride du cœur altéré de l’homme.

Et le moment arriva où « ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, Il les aima jusqu’au bout » comme en une folie d’amour infini du Bon Pasteur qui donne sa vie pour ses brebis en une déchirante immolation, lorsque, se sentant abandonné par le Père, Il crie :

« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?… »

Abîmée dans la pensée divine, ces paroles mystérieuses, pénétrant de manière aiguë et douloureuse au plus profond de mon esprit prosterné en une révérencieuse et profonde adoration devant l’Oint de Yahvé suspendu à un morceau de bois, me font comprendre un peu la douleur déchirante de l’âme du Christ :

Et le Christ est plongé dans la détresse et dans l’abime d’une effroyable et terrifiante solitude parce que le Père rejette le péché dont il porte le poids sur ses épaules, car c’est Lui, le Christ, qui devait réparer ce péché dans la plénitude et par la plénitude de son Sacerdoce, en tant que Réconciliateur de l’homme avec Dieu. Alors, Il crie d’une voix puissante :

« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?… »

Paroles chargées de mystère dont le point culminant est le fruit de la Rédemption au moyen de la réconciliation de Dieu avec l’homme, à cause du terrible abandon du Christ par le Père. Le Christ implorant la Sainteté du Dieu offensé de Lui accorder le pardon de miséricorde – « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » –, Sainteté qui exigeait, réparation infinie, en vertu de la justice, par l’immolation de son Fils Unique-engendré fait Homme, dans la plénitude et par la plénitude de son Sacerdoce exercé entre Dieu et les hommes, entre le Ciel et la terre, entre l’humanité et la Divinité.

« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?… » puisque je suis le Fils de ton amour, le Saint qui demeure pour toujours en ton sein et que je suis venu parmi les hommes pour m’immoler en un sacrifice sanglant afin de réparer ta Sainteté infinie outragée et offensée ?…

« Tu n’as pas voulu de sacrifices ni d’offrandes, mais tu m’as fait un corps. Tu n’as pas accepté les holocaustes ni les expiations pour le péché ; alors, je t’ai dit : Me voici, mon Dieu, je suis venu pour faire ta volonté, car c’est bien de moi que parle l’Écriture.

Et c’est par cette volonté de Dieu que nous sommes sanctifiés, grâce à l’offrande que Jésus Christ a faite de son corps, une fois pour toutes. »

« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi, m’as-tu abandonné ?…. »

Cristo de Limpias

Introduite d’une certaine manière dans la profondeur de ces paroles, démunie et effrayée, submergée de douleur, dans un moment de pénétrante réflexion, cette pauvre et petite fille de l’Église, a compris un peu du mystère sacro-saint de ces paroles.

Pénétrant en ce mystère afin de le manifester, il lui a été dévoilé en une sagesse amoureuse d’une profonde acuité – si bien que la créature, dans cette vie d’exil, peut connaître les secret des mystères divins et les proclamer – un peu du sens caché de ces paroles douloureuses qui ont déchiré l’âme très sainte du Christ jusqu’ à la moelle de son esprit ; plein d’amour et déchiré à cause du terrible abandon, non seulement de l’humanité mais du Père Lui-même, au moment suprême de sa crucifixion ignominieuse comme rédemption d’immolation sanglante.

Que de terribles mystères Dieu m’a fait pénétrer et découvrir en l’âme du Christ, comme abandonné par le Père ! dans sa plainte déchirante du plus profond de son âme lacérée qui, se sentant rejetée, crie en une lamentation indicible :

« Pourquoi m’as-tu abandonné, » puisque je suis ton Oint, engendré, non pas créé, par ta nature même, ta Parole, le Chantre de tes perfections infinies, la Manifestation de ta volonté accomplie en un don infini d’amour envers l’homme, le Fils de ton amour ; que je demeure pour toujours en ton sein où l’amour coéternel de l’Esprit Saint nous étreint tous deux ?

« Pourquoi m’as-tu abandonné ?!… »

Mon esprit déchiré, en adoration, a compris, qu’avec ces paroles, le Christ manifestait l’abandon, la solitude et l’angoisse que ressentait son âme, parce qu’Il était Celui qui prenait sur Lui les péchés de toute l’humanité, même s’Il était le Saint, exempt du péché – « Celui qui n’a pas connu le péché, Dieu l’a pour nous identifié au péché des hommes, afin que, grâce à lui, nous soyons identifiés à la justice de Dieu » – et même si son âme très sainte contemplait Dieu face à face, inondée d’un profond bonheur devant la vision bienheureuse et sans voile, à chaque instant de sa vie, de la gloire du Tout-Puissant, comme Il l’était Lui-même par sa personne divine, et auquel Il répondait par des chants de louange, des actions de grâces et une adoration infinie.

C’est justement la contemplation sans voiles de la Sainteté infinie du Dieu Très-haut qui s’oppose avec la redoutable force de tout son être au plus petit mouvement coupable, qui a causé au Christ sa plus grande douleur lorsqu’Il demeurait sur la terre, et tout particulièrement à l’instant rédempteur de la croix, car Il devait accepter le fardeau des péchés de tous les hommes, alors que ceux-ci s’opposent à tout l’être de Dieu lorsqu’Il se manifeste en volonté de Sainteté contre le péché.

Péché que le Christ connaissait à sa juste mesure comme offense et rébellion contre le Dieu trois fois Saint, en Le contemplant face à face dans la profondeur lumineuse qui correspondait à l’humanité de sa personne même en tant que Verbe Incarné.

La douleur et le martyre de son âme deviennent insoutenables devant le contraste entre « Dieu qui demande réparation, » et « Dieu qui s’immole, » car Il est Homme, Il représente les péchés de l’humanité, Il en porte le fardeau et Il réclame la miséricorde compatissante du pardon, que son Sang divin de réparation par le sacrifice exige en vertu de la justice, dans sa lutte définitive en tant que Représentant du péché de ses frères, pour conquérir la gloire rédemptrice.

C’est pourquoi, lorsque le Christ s’est tourné vers le Père, L’implorant, nous représentant et chargé de l’immense fardeau de toutes nos fautes, la Sainteté infinie de l’Être Éternel ne pouvait que détourner son visage devant tout ce qu’Il représentait, – mais pas devant son Fils Unique-engendré en lequel était tout son amour – car telle est la perfection de la Sainteté éternelle.

Ce rejet retentissait dans l’âme très sainte du Christ du Père, qui, en tant que Rédempteur, dans la plénitude de l’exercice de son sacerdoce, pendu comme un maudit entre le Ciel et la terre, « méprisé, abandonné de tous, homme de douleurs, familier de la souffrance, semblable au lépreux dont on se détourne ; et nous l’avons méprisé, compté pour rien. » Lui, la Miséricorde infinie Incarnée implorait la Miséricorde infinie outragée et demandait l’étreinte Réconciliatrice du Père avec l’homme ;

car Il est l’Homme-Dieu qui enlève les péchés du monde, et qui, par l’immolation de sa vie en un sacrifice de réparation aux mérites infinis, exige en vertu de la justice, devant la volonté du Père accomplie par Lui par l’effusion de son Sang rédempteur, que le Père Lui-même manifeste sa volonté de pardon envers l’humanité tout entière.

Le Christ, comme Fils Unique-engendré du Père, et parce qu’Il était l’Homme représentant tous les hommes, et en même temps le Dieu qui devait recevoir réparation, dans et par la plénitude de l’exercice de son Sacerdoce, réclamait la clémence, selon la justice d’une réparation infinie, devant le Dieu trois fois Saint offensé !…

Et c’était une sorte de lutte – sans lutte –, entre le Père, qui en tant que Sainteté infinie ne pouvait pas étreindre son Fils chargé de tant de péchés, et son Fils qui dans une immolation sanglante Lui demande :

« Père éternel, je suis le Fils de ton amour infini en tant que Dieu et en tant qu’Homme ; soit tu m’étreins tel que je me présente devant toi chargé des péchés de tous mes frères, soit tu me rejettes, en tant que Fils aîné représentant de l’humanité, en même temps que tous les hommes. »

Je ne sais pas comment ma langue impie et maladroite pourrait exprimer ce que mon esprit pénétrait et comprenait de cet instant-instant, point culminant et suprême de la Rédemption, lorsqu’il était illuminé par les Lumières sapientielles de Dieu, de cette lutte – sans lutte – entre « le Dieu immolé, » qui demandait miséricorde, et « le Dieu offensé » qui était Lui-même.

Cette pauvre fille de l’Église, s’exprimant de façon balbutiante et limitée, ne sachant pas comment déchiffrer cela, contemplait la Sainteté Infinie se détournant du péché avec une répulsion infinie, et le Christ du Père qui l’implorait en une révérencieuse adoration :

« Père, reçois-Moi, étreins-Moi, comme ton Fils Unique-engendré, comme Celui que Je suis par ce que Toi-même Tu m’as donné ; et étreins-moi en tant que Représentant de l’humanité tout entière, chargé du poids des innombrables péchés de tous mes frères que je représente devant Toi, et pour lesquels je te donne une infinie réparation. »

Je comprenais et contemplais, dépassée et abasourdie, remplie de vénération, de respect et d’une sainte crainte de Dieu, anéantie et tremblante, dans un instant sublime de surprenante espérance, de réparation infinie pour Dieu et de gloire inimaginable pour l’homme, comment la Sainteté éternelle, en un moment pareil à une hésitation amoureuse, plein de compassion, de tendresse, de miséricorde et d’amour – qui retentissait si douloureusement en l’âme du Rédempteur qui se sentait à l’agonie et abandonné – mais sans hésitation car il ne saurait y avoir d’hésitation dans le cœur du Père qui, quelles que soient les conséquences, étreint son Fils, qui toujours en son sein est engendré et que toujours Il engendre, détournant le visage du péché que Ce dernier représentait, le Père, se tournant vers le Christ son Fils Unique-engendré, Lumière de sa propre Lumière et Figure de sa substance, un avec Lui-même et l’Esprit Saint en un seul et même être, qui demeure pour toujours dans le Sein du Père, le Fils de son amour, Parole qui chante les perfections infinies, et qui lui donnait infiniment réparation par son immolation en un sacrifice sanglant, sous l’impulsion de l’Esprit Saint Lui-même ;

comme en un délire de folie de l’Amour Infini se répandant en compassion pleine de miséricorde, Il l’a étreint !! et, avec Lui, l’humanité tout entière !

Même si cette même humanité a répondu en disant « non » et en rejetant le Sang rédempteur du Fils de Dieu Incarné.

Trinidad

Et c’est là le mystère de l’amour de Dieu envers l’homme ! que Dieu Lui-même m’a fait comprendre et que jamais je ne saurai expliquer, parce qu’il manque au langage humain l’expression qui pourrait déclamer et proclamer l’indicible et l’incommunicable.

Et le Père, répandant ses miséricordes infinies, étreignant son Fils qui s’est présenté devant Lui, chargé du fardeau des péchés de tous les hommes, afin de les réparer, nous montre que dans un amour infini pour son Fils Unique-engendré immolé, sa divinité volonté a été accomplie en une réparation rédemptrice d’une valeur infinie et que la restauration de l’homme déchu a été réalisée.

C’est pourquoi, Jésus dans l’étreinte du Père et la consommation du Sacrifice infini de sa réparation effectuée « pour que s’accomplissent les Écritures » dit alors :

« Tout est accompli »

« Père, entre tes mains je remets mon esprit. »

Et avec ces paroles, inclinant sa tête, se reposant de son triomphe de gloire dans son combat final comme Rédempteur, l’Oint de Yahvé, le Christ du Père, expira.

Par sa mort, Il a racheté l’humanité, comme Représentant de Dieu devant les hommes et comme Représentant de tous les hommes avec leur « non » terrifiant, devant la Sainteté infinie de Dieu outragée qui par Lui a obtenu une réparation infinie.

Le Seigneur m’a fait comprendre combien cette lutte était profondément et intensément douloureuse ! Lutte de mystère et d’amour, de miséricorde et de tendresse, de rejet et de compassion, se répandant miséricordieusement sur la misère de l’homme en une manifestation de la splendeur de la gloire de Yahvé, qui est tout ce qui peut être, et peut rendre possible l’impossible, au moyen du mystère de l’Incarnation qui a uni Dieu à l’homme en la personne du Verbe, qui proclamant son amour en une prodigieuse ‘effusion, est mort crucifié en une rédemption sanglante, car « le Seigneur est bon, éternel est son amour, sa fidélité demeure d’âge en âge. »

Quel lutte – sans lutte – que celle qui a eu lieu entre la Sainteté offensée du Père, qui ne pouvait accepter le péché, et la Sainteté Elle-même, qui en son Fils Unique-engendré tournée vers le Père, L’implorait en un déchirement suprême d’immolation infinie et sanglante :

« Étreins-moi avec l’humanité tout entière, ou rejette-moi avec elle. »

Et ainsi, le Représentant de Dieu parmi les hommes a effectué la Rédemption à chaque instant de sa vie, mais en particulier dans le combat du triomphe final de miséricorde amoureuse ; dans lequel le Christ du Père, immolé et suspendu à un morceau de bois, en tant qu’Agneau Immaculé et sans tache, chargé du fardeau de tous nos péchés et représentant de l’humanité, s’adressant à la Sainteté offensée du Père, de Lui-même et de l’Esprit Saint, avec d’inexprimables gémissements cria :

« Mon Dieu, mon Dieu… pourquoi m’as-tu abandonné ?!… »

Et de cette manière si glorieuse, si sublime, inimaginable, surprenante et presque impossible, si divine et si humaine, par la manifestation de l’Amour Infini envers la misère, dans le Fils Unique du Père et par le Fils Unique-engendré du Père, Dieu, par la magnificence de son pouvoir infini, a rendu possible l’impossible : Il a étreint l’Homme chargé du fardeau de tous les péchés de toute l’humanité !

Et le Christ, par sa mort et sa résurrection, par cette étreinte, dans l’exercice de la plénitude de son Sacerdoce, fait connaître, à nous tous qui accueillons et bénéficions de son sang très Saint jaillissant à torrent de ses cinq plaies et de son côté ouvert, par lequel se sont ouvertes et coulent en flots infinis et éternels les Sources de l’eau vive qui bondit vers la vie éternelle, la joie de participer de la vie même de Dieu, dans une lumière d’Éternité. Ainsi, nous atteignons le but pour lequel nous avons été créés et restaurés par le Christ Lui-même.

Et lorsque Jésus cria d’une voix forte : « Mon Dieu, mon Dieu… ; pourquoi m’as-tu abandonné ?… » au moment suprême de la Rédemption de l’humanité, et puis « Quand il eut pris le vinaigre, Jésus dit : “Tout est accompli”. Puis, inclinant la tête, il remit l’esprit » « et un des soldats avec sa lance lui perça le côté. »

Ces paroles très saintes du Fils Unique-engendré du Père et Fils de la Vierge, ont transpercé de manière si tranchante, si aiguë, si pénétrante et si profonde la Mère douloureuse au Calvaire, que la prophétie du vieillard Syméon s’est réalisée et accomplie en Elle :

« Vois, ton fils qui est là provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de division. Et toi-même, ton cœur sera transpercé par une épée. Ainsi seront dévoilées les pensées secrètes d’un grand nombre. »

Cristo

Car la Vierge peut dire avec son Fils : « Mon Dieu, mon Dieu… pourquoi m’as-tu abandonnée ?… Et ajouter avec Lui :

« Tout est accompli. »

puisqu’Elle meurt avec Lui en une mort mystique au pied de la croix.

Et lorsque la Rédemption fut terminée, soutenue par la force toute-puissante de son Fils, et recevant le fruit de toute la rédemption, la Vierge a trouvé le repos, car sa mission Corédemptrice universelle était achevée et accomplie dans une effusion de Maternité sur toutes les âmes, car Elle était la Femme qui écraserait la tête du serpent avec le Fruit de ses entrailles bénies.

Désormais la Vierge attendait la résurrection de son Fils, nous communiquant en Lui et avec Lui la vie éternelle, qui par le fruit de la Rédemption du Christ Lui-même, est accordée à ceux qui meurent au pied de la croix de manière sanglante ou non sanglante, et sous la protection de la Maternité corédemptrice de Marie dans l’attente du triomphe définitif du Christ.

« Heureuse faute qui nous a valu un tel Rédempteur » car, puisqu’Il est la Vie, Il a vaincu la mort.

Dolorosa

Dans la plénitude de la perfection qui était la sienne en tant que Dieu et en tant qu’Homme, Jésus a pu réaliser la Rédemption sans passer par l’expérience dramatique et douloureuse de la Sainteté infinie de Dieu rejetant le péché qu’Il représentait ; avec les conséquences tragiques et effroyables pour l’homme de la perte de Dieu, avec tout ce que cela suppose pour la créature.

Mais, par la volonté du Père qui en a décidé ainsi, en expression, en tant que Verbe, en déclamation amoureuse de cette même volonté et sous l’impulsion de l’Esprit saint, pour que rien ne manque à son humanité eu égard aux conséquences du péché, en nous montrant majestueusement combien Il nous aimait, Jésus a voulu vivre volontairement, librement et réellement les conséquences du « non » à Dieu des hommes qui se rebellent contre la Sainteté infinie. Il a éprouvé la douleur, la mort, et le déchirement à cause du rejet de Dieu Lui-même envers le fardeau des péchés des hommes qu’Il représentait, en une retentissante demande de pardon.

Au Premier-né de l’humanité, au Réconciliateur de Dieu avec l’homme déchu, parce qu’Il est l’Amour qui a tout pouvoir et parce qu’Il est Amour et qu’Il aime, débordant d’amour dans la manifestation glorieuse, divine et humaine de sa réparation infinie devant la Sainteté de Dieu offensée, afin de devenir en tant qu’Homme, en le voulant et en le pouvant, un frère parmi ses frères.

C’est pourquoi, ce cri, « Mon Dieu, mon Dieu… pourquoi m’as-tu abandonné ?… » est la plus grande manifestation d’amour de Dieu pour l’homme, et de l’Homme pour Dieu en glorification de la Rédemption sanglante réalisée par le Christ, où Il nous montre combien Il nous aime dans une effusion d’amour miséricordieuse, comment Il a voulu et comment Il a été capable de souffrir concrètement dans son humanité, non seulement dans son corps mais encore en son âme, de la manière la plus dure, la plus dramatique et la plus douloureuse de son dur cheminement sur cette terre, car en montrant volontairement et librement son amour pour nous, Il s’est senti comme rejeté par Dieu, mais Celui qui par sa Personne divine est un avec le Père et l’Esprit Saint, n’est jamais rejeté, ne peut être jamais rejeté.

Prodige, pratiquement impossible, qui a été réalisé par la magnificence du pouvoir de la gloire du Tout-Puissant, qui est capable d’être et de s’être tout ce qu’Il est, tout ce qu’Il peut être et tout ce qu’Il veut être, pouvant être tout l’infini en infinitude ; et Il peut réaliser au-dehors de Lui l’impossible qui rend ceci possible : Dieu, en voulant se faire homme, en voulant être l’un de nous, avec toutes les conséquences, afin de nous racheter, a connu en son drame d’amour, se chargeant de nos péchés, ce qui signifie perdre Dieu et se sentir rejeté par Lui.

Merci, Jésus ! Je savais un peu combien Il nous aimait, mais ce que je n’avais pas suspecté avant aujourd’hui à la lumière de ta pensée infinie, par la grandeur et la magnificence de ta réalité divine et humaine, c’est ce que Tu es capable de faire et de subir pour me le montrer.

C’est pourquoi mon âme enivrée, amoureuse et profondément bouleversée, pleine d’amour pur et d’amour fou pour Toi, s’exclame avec l’auteur de ce poème très beau et très profond :

Mon Dieu, ce qui m’incline à vous aimer

n’est pas le ciel que vous m’avez promis,

et ce n’est pas la crainte de l’enfer

qui me retient de ne vous offenser.

C’est vous-même, Seigneur, c’est de vous voir

cloué en croix, objet de moquerie ;

c’est de voir votre corps si lacéré,

les outrages subis et votre mort ;

C’est l’amour pour vous-même, en telle sorte

que, sans le ciel, je vous adorerais

et sans l’enfer,  je vous redouterais ;

Point n’est besoin de don à votre amour.

car si je n’espérais ce que j’espère,

je vous aimerais comme je vous aime.

 

Toi, mon Jésus, Tu es l’Homme Dieu, et parce que Tu possèdes en Toi « toute la plénitude de la Divinité » sous le regard de ceux qui ne Te connaissent pas, Tu es aussi capable de supporter que l’homme brouille tellement ta réalité divine, volontairement ou involontairement, qu’il va jusqu’à te désacraliser, parvenant dans sa stupidité à te profaner, en Te présentant comme un homme parmi d’autres, ne comprenant pas qu’il y a en Toi toute la plénitude de la Divinité ; et cela parce que son esprit est obscurci et embrumé, parce qu’il ne Te connaît pas, et, par conséquent, qu’il ne comprend pas ta grandeur et ta sublime et grandiose réalité, puisque Tu es autant Dieu qu’Homme par l’union entre ta nature humaine et ta nature divine en la personne du Verbe.

L’esprit de l’homme, embrouillé et obscurci, devient pierre de scandale et ruine des âmes, quand il ne reconnaît pas que « Dieu l’a élevé au-dessus de tout ; il lui a conféré le Nom qui surpasse tous les noms, afin qu’au Nom de Jésus, aux cieux, sur terre et dans l’abîme, tout être vivant tombe à genoux, et que toute langue proclame : “Jésus Christ est le Seigneur” pour la gloire de Dieu le Père. »

À cause de cela, anéantie, écrasée sous le poids de ma misère, folle d’amour et de tendresse, je veux, Jésus, donner un baiser à ton côté ouvert, à tes mains transpercées, à ta tête ensanglantée, couronnée d’épines par l’outrage sacrilège de la flagellation, et recevoir avec Marie, ta très Sainte Mère, au pied de la croix, la glorieuse et très sainte Rédemption pour être ainsi rachetée, perfectionnée et sanctifiée.

Si bien qu’en retour, comme réponse amoureuse à l’effusion de ton amour se manifestant en un débordement de miséricorde sur l’humanité, je puisse faire de nouveau l’offrande de l’immolation de ma vie comme en 1959, lorsque j’ai vu l’Église, recouverte d’un manteau de deuil et déchirée, réclamer ma réponse de compassion et d’amour. C’est pourquoi je me suis offerte en victime à l’Amour Infini pour l’Église Sainte afin de l’aider.

Et en 1970, le jour de la fête de l’Épiphanie, Dieu me l’a de nouveau montrée jetée à terre et en pleurs, haletante et courbée, comme assise sur une pierre. Elle se tournait vers moi et me demandait de lui venir en aide. Quel triste jour des Rois, affligeant et amer ! lui venir en aide, moi ! moi, la dernière, la plus petite, la plus pauvre, la plus démunie et la plus incomprise des filles de cette Sainte Mère ; moi qui me sens et qui suis plus Église qu’âme, je cesserais d’être âme plutôt que de cesser d’être Église Catholique, Apostolique et Romaine ;

rendant gloire au Père, gloire à Toi, Verbe incarné, Jésus Très Saint, et gloire à l’Esprit Saint, en mon expiation sanglante ou non sanglante, selon ta volonté qui décidera toujours ce qui sera le meilleur pour moi.

Pour, qu’en répandant ma maternité universelle, en Toi et par Toi, sous la protection de ta Très Sainte Mère, je donne de la vie aux âmes dans le silence de l’immolation que je suis en train de vivre, faisant en sorte qu’elles atteignent l’unique but pour lequel elles ont été créées, en conduisant au Sein du Père le plus grand nombre possible d’entre elles, pour qu’elles puissent devenir filles de Dieu, participantes de sa vie divine et héritières de sa gloire.

Merci, Jésus ! Pour tout ce que tu m’as montré aujourd’hui, mais je n’en suis pas digne, même si je sais que tes miséricordes sont infinies, parce qu’elles sont éternelles, et parce que plus ma misère est grande, plus ta miséricorde est grande et abondante.

C’est pourquoi, avec Notre Blanche Dame de l’Incarnation, toute Vierge, toute Reine, Dame et Mère douloureuse au pied de la croix, mon âme veut vivre avec Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié,t mourir en criant ma lutte inlassable :

Gloire à Dieu ! Vie aux âmes ! Cela et rien que cela ! Le reste n’a pas d’importance !

Madre Trinidad de la Santa Madre Iglesia

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